Saint-Émilion, le petit vignoble des vins de Bordeaux connu pour ses vins rouges de Merlot, développe l’œnotourisme, dans le sillage de son entrée au patrimoine de l’humanité de l’UNESCO.
Saint-Émilion, le petit vignoble des vins de Bordeaux connu pour ses vins rouges de Merlot, développe l’œnotourisme, dans le sillage de son entrée au patrimoine de l’humanité de l’UNESCO.
Renseignements
Office du tourisme de Saint-Émilion
Juridiction de Saint-Émilion (UNESCO)
Scandinave et village Blue Mountain)
À lire
Pour tout comprendre sur les sols de Saint-Émilion en trois pages avec carte des sols par Kees Van Leeuwen professeur en sciences agronomique à l’Université de Bordeaux: Le terroir de Saint-Emilion, pages 12-17, dans Crus Classés de Saint-Emilion, Bernardin E. et Le Hong P., Ed. Sud-Ouest,/ Bordeaux, France, 2013,
Sorties
À Terre, À Cheval : demi-journée ou journée complète avec arrêt dégustation au Château Saint-George, de 100 à 195 $.
Château Villemaurine : pour visiter un château aux abords de Saint-Émilion, et une propriété plus réduite où les œuvres d’art se mêlent aux cuves dans les chais et les caves
Château Guadet : dans Saint-Émilion même à deux pas de la Fabrique de macarons pour ses caves souterraines parsemées d’œuvres d’art.
Château Petit-Village : dans l’appellation Pomerol juste au nord du vignoble de Saint-Émilion, cette petite propriété propose une ravissante boutique et une petite terrasse où déguster, à quelques mètres des vignes,
Les cordeliers : ce producteur de vin pétillant à Saint-Emilion possède des caves immenses qui se visitent.
Circuits cyclistes et pédestres
Depuis Bordeaux, journée à vélo à Saint-Émilion
Festival philosophia : un festival de la philisophie à Saint-Émilion début mai.
Restaurants
La Terrasse Rouge (Château La Dominique)
Le Clos Mirande : délicieux restaurant gastronomique, bistrot, salon de thé et gastronomie à emporter, offrant une superbe terrasse champêtre à l’extérieur, à Montagne Saint-Émilion, soit l’appellation voisine juste à l’est du vignoble de Saint-Émilion, en dehors du secteur UNESCO.
Hébergement
Coup 2 Foudres : un hébergement insolite à l’extérieur de Saint-Émilion dans une immense barique (un foudre) aménagée en studio. Original mais absence total de contact humain avec les proprietaries et claustrophobes s’abstenir.
Transport
Saint-Émilion est à 40 km (45 minutes) à l’Est de Bordeaux.
En avion : Montréal-Bordeaux avec Air France via Paris (2 à 3 vols par jour selon la saison) ou avec Air Transat (2 vols direct par semaine de mai à octobre.)
Depuis Ottawa, une navette Air France relie la gare Via Rail à l’aéroport Trudeau. Le train Toronto-Montréal s'arrête à Dorval avec navette gratuite pour l'aéroport.
Le TGV depuis Paris-Roissy s’arrête à Bordeaux avec correspondance pour la petite gare de La Gaffelière à environ 2 km du village de Saint-Emilion, au pied du plateau calcaire
Saint-Émilion, le petit vignoble des vins de Bordeaux connu pour ses vins rouges de Merlot, développe l’œnotourisme, dans le sillage de son entrée au patrimoine de l’humanité de l’UNESCO.
Chambres d’hôtes et restaurant à la propriété ; cours de cuisine au château ; visites autoguidées en plusieurs langues ; atelier d’assemblage ; promenades à cheval dans les vignes : la palette de produits touristiques proposés semble aussi diversifiée que le terroir de Saint-Émilion.
Après des décennies où l’œnotourisme se résumait bien souvent à tomber par hasard sur le vigneron dans la propriété et faire une visite improvisée, un vent de changement semble souffler aujourd’hui à Saint-Émilion, une influence venue en partie de Californie.
UN RESTAURANT DANS LES VIGNES
L’établissement trône sur le toit d’un chai flambant neuf dessiné par le célèbre architecte Jean Nouvel. (Le chai est le nom local des entrepôts abritant cuviers et barriques à vin.)
Sur le reste du toit s’étire une immense terrasse en bois qui offre une vue imprenable sur les vignes environnantes. Au centre de la terrasse, un long parterre de grosses billes de verre rouge sombre (reproduisant le fouloir à raisin et sur lesquelles il est possible de poser les pieds !) donne son nom à l’établissement : « La terrasse rouge » : difficile d’oublier que nous sommes ici au pays du vin rouge.
Le délicieux menu style brasserie gastronomique reste très abordable, dans une grande pièce vitrée sur trois côtés pour garder le contact visuel avec les vignes.
UN CHAI SIGNÉ JEAN NOUVEL
Plus intimiste, le Château Ambe Tour Pourret joue lui aussi la carte gastronomique. Mais ici, les touristes apprennent à cuisiner leur propre repas. Les produits locaux sont à l’honneur, en tête magret de canard et foie gras (préparé en délicieuse crème passée au four avec un œuf en cocotte individuelle.) Sans parler du café gourmant, très tendance, à savoir un espresso accompagné de trois ou quatre desserts miniatures.
Ce château innove d’ailleurs tous azimuts dans l’accueil des visiteurs : dégustation formule « lunch » ou avec assiette de fromages ou charcuterie ; panier pique-nique ; audioguide (en trois langues, français, anglais et espagnol) amenant dans la vigne à deux pas et dans le cuvier ; visites nocturnes ; bar à vin dans l’espace boutique (aménagé au retour d’un voyage d’observation à Napa Valley).
Autre produit éducatif et ingénieux dans la boutique : trois grands vases en verre illustrent les différents types de sol du vignoble. Des explications détaillées sur le terroir local sont d’ailleurs étrangement très (trop) rares dans la région.
C’est pourtant la diversité des sols et le relief, le tout dans un mouchoir de poche, qui sera la clef pour comprendre le Saint-Émilion, ce vin de Merlot, complété d’une touche de Cabernet franc.
En effet, le plateau calcaire au cœur du vignoble qui surplombe la zone d’appellation est fort différent des pieds de côte, à savoir les pentes qui descendent depuis le plateau calcaire ou du troisième type de sol, les plaines d’alluvions sur tout le pourtour du vignoble : autant de variations des sols et des conditions hydriques qui expliquent pourquoi le Merlot (un cépage plus sensible et plus précoce) a fait son nid ici à Saint-Émilion - alors qu’en Médoc, autre illustre vignoble de Bordeaux plus à l’Ouest, les Cabernets dominent l’assemblage.
ATELIER D'ASSEMBLAGE
L’activité permet de déguster des mélanges de Merlot et de Cabernet franc selon différentes proportions : 100 % Merlot et Cabernet, puis un mélange 50-50, ensuite 25 % Merlot-75% Cabernet et vice-versa et enfin plusieurs assemblages au choix du visiteur.
Au terme des deux heures d’atelier, chaque participant compose son propre assemblage, dont il emportera une bouteille avec étiquette personnalisée imprimée sur place. Éducatif, gustatif, ludique : incontournable.
Sans parler du cadre du Château, au cœur d’un adorable petit hameau rassemblant chais, chambres d’hôtes (cossues, mais typiques) et même un petit bar dansant de poche, kitsch à souhait. Et en prime, la vue plongeante depuis le haut du plateau calcaire sur les coteaux de vignes qui se déroulent en pente douce.
BALADE À CHEVAL DANS LES VIGNES
Mais rien ne vaudra une balade à cheval, une nouveauté depuis le mois de mai cette année, pour parcourir le vignoble de près.
Car c’est l’ensemble du vignoble de Saint-Emilion (7846 ha) qui a été inscrit au patrimoine UNESCO (en 1999 et une première mondiale à l’époque) pour reconnaître ce paysage particulier entre nature et culture, culture de la vigne et culture du vin au sein d’un patrimoine vivant, « un exemple remarquable d’un paysage viticole historique qui a survécu intact et est en activité de nos jours », selon l’UNESCO.
Des circuits cyclistes sont également proposés ainsi que des visites plus classiques en petit train ou en minibus cabriolet, pour explorer ce ravissant et complexe vignoble, qui ne représente d’ailleurs que 5 % des vins de Bordeaux.
Mais le cheval semble particulièrement adapté. Cela permet de passer dans tous les types de sols, de couper à travers champs. Le cavalier est plus haut qu’en vélo ou à pied, juste au-dessus de la vigne permettant une meilleure vue, tout en restant à proximité du sol et de la vigne.
Charles-Antoine Rouyer était l’invité d’Air France (www.airfrance.ca), du Comité régional du tourisme d’Aquitaine (www.tourisme-aquitaine.fr), de l’Office du Tourisme de Saint-Émilion (www.saint-emilion-tourisme.com) et des établissements visités.
Au pays du Merlot
16 septembre 2014
Dans les vignobles de Bordeaux, Saint-Émilion s’ouvre à l’œnotourisme
Rien ne vaudra une balade à cheval, une nouveauté depuis le mois de mai cette année, pour parcourir le vignoble de près.
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Photos : Charles-Antoine Rouyer sauf indication contraire
Une nouvelle génération de vignerons ?
L’accueil plus moderne des visiteurs à Saint-Émilion pourrait bien n’être que la partie émergée d’un iceberg commercial et d’une révolution technologique en marche derrière les murs épais de pierre blonde des chais et dans les vignes.
Beaucoup invoquent certes l’effet UNESCO, à savoir l’afflux de visiteurs, doublé de la curiosité des gens pour ce qui est dans leur assiette et dans leur verre.
Certes, l’objectif de l’œnotourisme à la Californienne – et repris avec beaucoup de succès en Ontario dans la région des vins du Niagara — consiste à attirer le visiteur à la propriété par diverses activités, pour sensibiliser au produit et finir par pratiquer la vente directe (plus rentable que via divers intermédiaires) et fidéliser le consommateur à plus long terme.
Mais la concurrence d’autres régions du monde propices elles aussi à la culture de la vigne a dû aussi bousculer les habitudes au pays du Merlot des vins de Bordeaux.
Une nouvelle génération de vignerons semble avoir accepté de relever le défi international, en mariant patrimoine et modernité, tradition et technologie, alors qu’une autre menace pointe déjà à l’horizon : les changements climatiques et la modification de ce terroir idéal pour la culture de ces baies, les raisins, qui remonte à l’époque des Romains.
Au Grand Cru Château La Dominique, sous le nouveau restaurant, le visiteur pourra prendre la mesure de la révolution technologique dans le chai : cuves informatisées, contrôle de la température de fermentation, transfert des raisins par gravité pour éviter les pompages qui brisent la peau du raisin et exposent la pulpe à l’air et à une oxydation trop précoce.
D’autres ont poussé le raffinement jusqu’à faire dessiner par un architecte (Olivier Chadebost) leurs nouvelles cuves modernes. Le cuvier du Premier Grand Cru Château La Gaffellière aligne ses 20 superbes cuves tronconiques inversées en inox mauve sombre, installées en 2013. Chaque cuve correspond à l’une des vingt parcelles différentes du Château et réparties sur les trois principaux sols de Saint-Émilion, pour conserver la typicité de chaque terroir avant l’assemblage final.
Dans les vignes, des analyses poussées du sol et du sous-sol ont guidé depuis 15 ans une restructuration du vignoble de La Gaffelière pour planter les Merlots majoritaires et les Cabernets complémentaires sur les parcelles les mieux adaptées aux besoins forts différents de chaque plante.
À la Gaffelière et dans de nombreux autres châteaux, l’agriculture raisonnée est de mise (comprendre utilisation minimaliste des pesticides) et les parcelles sont enherbées pour favoriser la faune et la flore auxiliaires et les microorganismes salutaires pour la qualité du sol et donc des fruits de la vigne.
Pour les vendanges, la Gaffelière dispose d’une trieuse optique, qui étudie chaque grain de raisin, leur forme, leur couleur et par infrarouge leur densité en sucre.
Enfin, le labour à cheval est de retour un peu partout, pour éviter de trop tasser la terre (sous le poids du tracteur) et ainsi nuire aux racines des ceps de vigne.
Au final, le vigneron fait penser à un peintre. Sa palette de goûts multiples provient des divers cépages et de la diversité du terroir, sols, relief, conditions hydriques. Il mélange alors ces différents tons venus de l’extérieur lors de l’assemblage à l’intérieur du chai, pour créer au final son tableau liquide, le vin, mais avec des nuances légèrement différentes chaque année selon les conditions climatiques.
À ce titre, la couleur du temps semble changer la donne. En effet, beaucoup d’exploitants notent une hausse du degré d’alcool au fil des années, le résultat de raisins plus sucrés car il y aurait plus de soleil et de chaleur.
La menace est prise très au sérieux et des recherches sont menées en banlieue de Bordeaux par l’Institut national de recherche agronomique (IRNA) pour étudier l’évolution du Merlot et du Cabernet et tester sur le terroir local un total de 52 cépages du monde entier (français, espagnols, portugais, grecs, etc.), afin d’anticiper l’adaptation éventuelle du vignoble bordelais...
Le village de Saint-Émilion
Et au-delà, toujours et encore : les vignobles qui ondulent au gré des croupes du relief, entrecoupés de demeures cossues, de petits abris pour vignerons, de routes et chemins ou de petits boisés.
À Saint-Émilion, il faut aussi descendre sous terre et visiter de spectaculaires caves, véritables labyrinthes de plusieurs kilomètres pour certaines. Creusées pour extraire cette pierre blonde du plateau de calcaire, ces anciennes carrières horizontales ont permis de bâtir les chais et les châteaux environnants. Et des demeures dans toute la région jusqu’à Bordeaux (à 40 km, inscrite aussi au patrimoine mondial de l’UNESCO.)
La légende raconte que ce jésuite breton en route vers Compostelle aurait fait un détour, notamment pour aller voir un menhir dressé au bord de la Dordogne (le menhir de Faleyrens encore visible de nos jours à quelques kilomètres.)
De là, l’homme aurait aperçu le plateau calcaire (où se dresse le village aujourd’hui et culmine à 107 mètres) où le moine aurait alors élu domicile dans une grotte. Reclus pendant de longues années, il aurait accompli des miracles auprès de la population locale venue voir le moine dans son abri-sous-roche.
Une ravissante chapelle se dresse à présent au-dessus du caveau. Les deux se visitent. Mais les possibles origines païennes du village (influences druidiques ou celtes vu les origines bretonnes du religieux) sont malheureusement passées sous silence en général.
Mais le village de Saint-Émilion semble connaître le même sort que le Vieux-Québec (inscrit aussi au patrimoine de l’UNESCO) : se vider de ses habitants-résidents, pour devenir une vitrine-musée inanimée une fois les autobus des touristes repartis…
Photo : Charles-Antoine Rouyer