Quatre vols hebdomadaires de Porter Airlines relient Toronto à Mont-Tremblant en cet été 2011. La station de ski du nord des Laurentides au Québec attire en fait autant de monde l’été que l’hiver, dans cette reproduction d’un village alpin de poche.
La station bouillonne d’activités, avec au menu : randonnées pédestres, vélo de montagne ou sur piste cyclable, canot, voile, rafting, équitation, golf, voire même plage. Sans parler de la grisante luge sur roulettes ou des longues traversées en tyroliennes, suspendu à un câble sous la cime des arbres. Mais pour s’immerger en pleine nature, il faudra aller dans le parc national québécois voisin du même nom.
Aller à la station Mont-Tremblant en avion depuis Toronto, c’est atterrir tout d’un coup dans un autre monde : un faux village alpin plus vrai que nature, maquillé en Vieux Québec, à 40 minutes du minuscule aéroport champêtre (38,62 $ pour la navette).
Le village piétonnier de la station s’avère somme toute fort agréable, ponctué de petites placettes, de beaux matériaux au sol et à taille humaine (traversé en 10 minutes de haut en bas ou par le Cabriolet, pour remonter, debout dans une petite nacelle suspendue à un câble, avec vue imprenable sur les toits et la station... le tout gratuitement, ce qui est rare ici.)
DU PLEIN AIR CLÉS EN MAINS
Le village s’étire au pied des pistes de ski et leurs échancrures d’herbe verte qui strient la forêt à flanc de montagne. La télécabine principale permet de monter au sommet du Mont Tremblant (968 mètres) pour admirer les Laurentides, ses innombrables petits dômes de forêt émeraude à perte de vue, ponctués de petits lacs, sur un ciel bleu azur.
La station Mont-Tremblant est somme doute un centre de villégiature, style « tout compris » ou Club Med, mais sans murs tout autour et où toutes les animations sont « toutes payantes », y compris l’accès à la grande plage (carte trois activités 33,99 $ ou une journée illimitée 44,99 $, à recommander pour profiter de la luge). La station se nomme d’ailleurs officiellement le Centre de villégiature Tremblant, dont l’Association prélève une taxe de 2 %, en plus de la taxe provinciale et de la TPS.
L’offre de la station semble finalement répondre aux besoins de familles, de couples, voir de groupes de jeunes, qui cherchent à se dépayser et à s’aérer, mais sans trop se tracasser, avec divers activités en plein air clés en main, à proximité.
Ceci dit, côté plein air, il faut toutefois regretter dans certains coins le bruit quasi omniprésent d’un circuit automobile non loin : imaginez le Honda Indy de Toronto et ses vrombissements ininterrompus que vous apportent les vents portants. J’ai par exemple coupé court à une promenade en vélo de montagne dans la forêt, excédé d’entendre ce bruit de fond urbain, où que l’on soit.
Dommage car la station compte 55 kilomètres de pistes de vélo de montagne fort bien entretenues et suffisamment techniques et variées pour surprendre et divertir sans cesse. Des pistes cyclables sont également disponibles, notamment le parcours ravissant (6 Km) pour se rendre au vieux village de Tremblant.
PARC NATIONAL DU MONT-TREMBLANT
Pour l’immersion dans la grande nature, il faudra donc sans doute aller dans le
parc national Mont-Tremblant. Des excursions sont proposées, dont la Via Ferratta, un itinéraire sportif tracé dans une paroi rocheuse (44 $/69 $) ou la descente de la rivière du Diable (65 $). Mais la liaison n’est assurée que par taxi, 45 $ pour 7 pers.). Le parc propose aussi des forfaits avec nuitées.
Au final, la station Mont-Tremblant (différente de la municipalité de Mont-Tremblant, plus vaste) demeure, qu’on se le dise, un centre de villégiature plutôt haut de gamme. Le centre reste ainsi fidèle d’ailleurs à ses racines, lorsque la première remontée mécanique ouvrait en 1939, autour d’un petit village créé (déjà) de toutes pièces, par son richissime fondateur américain, Joe Ryan.
Tremblant commence ainsi comme une micro station de ski d’une vingtaine de petits chalets et va vivoter cahin-caha pratiquement jusqu’en 1991, date du rachat par le géant Intrawest. La petite station des Laurentides va alors connaître une croissance considérable, dont le village piétonnier et une capacité d’accueil passant de quelques centaines de lits à 1 900 à présent, répartis dans 13 hôtels et de nombreux appartements.
Mais malheureusement, si la devise du Québec est « Je me souviens », ce « Mont-Tremblant 2.0 » semble avoir oublié « l’avant Intrawest ». Le centre de villégiature pourrait, par exemple, proposer un petit musée sur l’histoire de la station et mieux mettre en valeur les chalets d’origine regroupés dans le soit disant « Vieux Tremblant ». De petites plaques historiques expliquant leur emplacement et fonction d’antan suffiraient.
CROISIÈRE SUR LE LAC TREMBLANT
Il faut prendre la très belle croisière en bateau sur le lac Tremblant (1h, 18 $,
www.croisierestremblant.com) pour avoir un aperçu de l’histoire locale et de la fièvre immobilière actuelle (l’acre de terrain vaudrait 1 million de $). Le nom de la montagne viendrait d’une légende amérindienne, voulant que le « manitou » mécontent faisait trembler la montagne (sans doute en fait un phénomène post-glaciaire, l’écorce terrestre remontant, libérée du poids des glaciers.)
Le cœur de la station est à présent ce village piétonnier, hybride entre une copie du plan d’urbanisme des stations de ski européennes, dont Megève, avec placette centrale et petites rues tricotées serrées, combiné à une reproduction de l’architecture du Vieux Québec : façades étroites, de couleurs vives, sur trois ou quatre étages, coiffées de toits métalliques à mansardes, rouge, vert, bleu gris ou argenté.
Mais la vibrance des peintures de toute évidence très neuves détonne un peu trop et rappelle trop souvent que tout cela est du « faux ancien ». (Cela rappellera un passage à Universal Orlando en Floride, où le petit port italien de Portofino a été entièrement reconstitué de toutes pièces.)
Cette « Disney-ification » de la station est d’ailleurs la critique principale de ce Mont-Tremblant 2.0. Il reste que l’ambiance piétonnière du village, son intimité et la proximité des diverses activités restent très agréables (mais pas pour toutes les bourses), ce qui explique sans doute le succès de l’opération immobilière (même si la crise financière a forcé à faire une pause.)
Charles-Antoine Rouyer était l’invité de la station Mont-Tremblant et de Porter Airlines (vols jusqu’au 18 septembre 2011, le jeudi, vendredi et dimanche),