Corinne Narassiguin (PS-EÉLV)            Frédéric Lefèvbre (UMP)

La gauche a créé la surprise en Amérique du Nord

La candidate Corinne Narassiguin (Parti socialiste - Europe Écologie Les Verts) l'a emporté avec 2 341 voix d'avance sur Frédéric Lefèvbre (Union pour un mouvement populaire) dans la 1ère circonscription de l'étranger (Amérique du Nord) lors du 2e tour des élections législatives en France.

La jeune et novice candidate socialiste a ainsi créé la surprise en battant nettement un politicien expérimenté et ancien ministre de N. Sarkozy, donné favori en vertu des résultats du premier tour et de l'élection présidentielle. Le taux de participation a toutefois été extrêmement bas à 19,05 %, soit au total seulement un électeur sur cinq qui aura voté (6,54 % aux urnes et 12,52 % par Internet).

Dans ce scrutin, Montréal et l'ensemble du Canada ont sans doute fait pencher la balance en faveur de la gauche. Toronto illustre un renversement de tendance marqué comparé au 1er tour de ces législatives.

Les États-Unis comptent 41 % plus d'inscrits que le Canada (91 578 par rapport à 65 141, soit 26 437 électeurs de plus ou 16,9 % par rapport au nombre total d'inscrits dans la circonscription de 156 719) et avaient voté majoritairement pour Nicolas Sarkozy (61,30 %) et le Canada pour François Hollande (55,83 %).

Mais le Canada a davantage voté pour la candidate de gauche (61,76 % ou 958 voix d'avance) que les États-Unis ont voté pour le candidat de droite (51,44 % ou 177 voix d'avance.)

MONTRÉAL A PESÉ LOURD

À ce titre, Montréal, qui compte 28 % des inscrits de toute la circonscription (43 850, soit le plus gros bureau de vote en Amérique du Nord), a voté majoritairement pour la candidate de gauche (63,55%, soit 659 voix d'avance).

En revanche New-York, le second plus important bureau de vote (23 106 inscrits ou 14,7 %, soit près de moitié moins que Montréal), n'a donné qu'un léger avantage au candidat de droite (50,5 % et seulement 39 voix d'avance, même si le taux de participation a été plus élevé à New-York (8,34 %, 1 928 votants) qu'à Montréal (5,61%, 2 461 votants).

Sur la Côte Ouest américaine où se trouvent les deux autres plus importants bureaux de vote, Los Angeles (14 205 inscrits ou 9,1 %) et San Francisco (14 043 inscrits ou 9 %), une meilleure participation à San Francisco qui voté à gauche a donné 54 voix d'avance à la candidate victorieuse.

Au total, le Canada a apporté une avance de 958 voix à Corinne Narassiguin, alors que les États-Unis n'ont donné une avance que de 177 voix à Frédéric Lefèvbre.

DÉMOBILISATION OU DÉFECTIONS À DROITE

Par ailleurs, le mauvais report des voix à droite, notamment en raison de la résistance de l'électorat au candidat de l'UMP parachuté depuis la métrople, est flagrant au bureau de vote de Toronto. Alors que la métropole canadienne avait voté aux présidentielles pour N. Sarkozy à 50,66 %, la capitale ontarienne a voté cette fois-ci en grande majorité pour la député-élue de gauche (58,96 %, soit 110 voix d'avance). Certains électeurs de droite au 1er tour auraient même confier voter pour la candidate de gauche afin de faire barrage au « parachuté » depuis la métropole (à lire dans Au coude à coude en Amérique du Nord.)

Cette différence à Toronto entre la présidentielle et la législative pourrait aussi s'expliquer par une meilleure mobilisation à gauche (ou une plus forte démobilisation à droite, à nouveau en raison du parachutage d'un candidat étranger à la circonscription.)

Enfin, les votes par Internet ont donné 1 559 voix d'avance à Corinne Narassiguin et 54 % des votes, pour un taux de participation deux fois plus élevé qu'aux urnes, à 12,52 %. Ces suffrages exprimés électroniquement ont donc joué un très grand rôle dans le résultat final, puisqu'ils représentent une très forte proportion de l'ensemble des votes (deux tiers ou 66 % des votants.)

SUFFRAGES ÉLECTRONIQUES DEUX FOIS PLUS NOMBREUX

Le vote par Internet aura donc attiré près de deux fois plus d'électeurs (19 614 au lieu de 10 245 aux urnes.) Toutefois, ces chiffres du bureau de vote électronique (Internet) englobent toute la circonscription et ne peuvent donc être associés géographiquement à aucun bureau de vote.

Il est tout de même possible de supposer que la répartition géographique soit similaire à celle des votes aux urnes dans chacun des 16 bureaux de vote locaux. Mais pour confirmer cela, il faudrait disposer de résultats détaillés plus détaillés, que le ministère des Affaires étrangères français ne diffusera pas (certainement pour des raisons de confidentialité dans le processus de vote électronique, afin de protéger l'identité des électeurs pour un scrutin anonyme.)

Dernière observation, le parallèle entre ces résultats d'un scrutin français et la couleur politique locale nord-américaine, canadienne ou américaine, est frappante.

En effet, les bureaux de vote ayant enregistré un vote pour le candidat de droite correspondent à des régions habituellement aux couleurs des Républicains aux États-Unis ou des Conservateurs au Canada : la ville de Calgary dans l'Ouest canadien et le sud des États-Unis.

Inversement, les bureaux de vote français qui ont voté à gauche se retrouvent majoritairement sur des terres traditionnellement démocrates aux États-Unis (Nouvelle-Angleterre) ou social-démocrate comme le Québec...