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Charles-Antoine RouyerUne.html
Journaliste Une.html
Une auberge de jeunesse écologique

Une nouvelle auberge de jeunesse « écologique » à Toronto va fêter son premier anniversaire avec un bilan favorable : une réduction de ses émissions de gaz à effet de serre de 75 % et un résultat financier avantageux pour les technologies « vertes ».


Le « Planet Traveler » a ouvert ses portes le 4 janvier 2011, au centre-ville de Toronto, près du quartier du marché Kensington.


Les propriétaires, Anthony Aarts et Tom Rand, expliquent avoir financé toutes les technologies dites « vertes » ou « propres » pour l’équivalent de 5 % de la valeur de l’édifice, soit environ 250 000 $.


Le coût du financement (emprunt bancaire) de ce budget écologique est inférieur aux économies réalisées sur la facture énergétique, explique Tom Rand, l’un des co-fondateurs du Planet Traveler.


Autrement dit, ces technologies écologiques rapportent plus (en économies de dépenses énergétiques) qu’elles n’ont coûté.


L'édifice utilise exclusivement la géothermie pour le chauffage en hiver et la climatisation en été.


Par ailleurs, la chaleur des eaux usées est récupérée grâce à des serpentins en cuivre. Un échangeur de chaleur permet également de récupérer l'énergie de l'air ambiant avant de le renvoyer à l'extérieur.


La totalité de l’édifice est éclairé avec des ampoules à diode électroluminescente (DEL ou en anglais LED), ce qui permet d’économiser de l’électricité.


Côté sources d’énergie, des panneaux solaires thermiques installés sur le toit permettent de préchauffer l'eau des douches et des robinets.


Une chaudière au gaz naturel apporte un complément si nécessaire, pour atteindre les 40 ou 50 degrés désirés. (Début décembre 2011, par une journée ensoleillée, l’eau chauffée par le soleil atteignait entre 27 et 35 degrés Celsius parmi les trois réservoirs de l’auberge).


L'énergie solaire permet également de produire 15 % de l'électricité de l'édifice, grâce une autre batterie de panneaux photovoltaïques sur le toit elle aussi.


L’auberge de jeunesse « Planet Traveler » compte 112 lits, en dortoirs de six personnes (30 $ la nuit) ou en chambre individuelle (80 $ la nuit.)


« Nous pouvons non seulement réduire nos émissions de gaz à effet de serre de 75 % », affirme Tom Rand, l’un des deux co-fondateurs de Planet Traveler, « ce qui peut contribuer à respecter nos engagements [au Canada] dans le cadre du traité de Kyoto, mais en plus nous gagnons de l’argent. »


Planet Traveler, 357 College Street (près de l’avenue Spadina), à Toronto.

 

14 décembre 2011

En un an, le Planet Traveler de Toronto a réduit ses émissions de CO2 tout en gagnant de l'argent.

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Les économies sur la facture énèrgétique du Planet Traveler sont supérieures au coût du financement des technologies vertes.

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L'histoire d’une

éco-rénovation


Après un an de fonctionnement, le Planet Traveler semble déjà jouir d’une bonne réputation dans le monde spécialisé des auberges de jeunesse. L’établissement affiche une note de 93 % sur 217 évaluations de clients, soit le résultat le plus élevés des établissements de ce type à Toronto (HostelWorld.com).

    Les deux co-fondateurs de Planet Traveler ont racheté bâtiment qui abrite l’auberge en 2006. Inoccupé depuis dix ans et en piteux état, il faudra cinq ans de rénovations avant d’ouvrir l’auberge de jeunesse. Certaines parties seront même entièrement reconstruites, soit le bâtiment d’origine à l’arrière, construit en 1866 avec seulement deux étages.

    En 1914, le bâtiment principal s’élève sur trois niveaux. L’édifice abrite à l’origine les presses d’un imprimeur au sous-sol et des bureaux aux étages, dont une école privée de formation professionnelle.

    À présent, la réception de l’hôtel occupe le sous-sol, aux côtés d’un espace collectif avec télévision et ordinateurs en libre-service, une cheminée, deux cabines téléphoniques, ainsi qu’une cuisine collective, une buanderie (laveuse/sécheuse) et la pièce abritant la pompe à chaleur, trois réservoirs d’eau chaude et le chauffe-eau à gaz.

    Les chambres sont aménagées aux trois autres étages. Chaque niveau comprend un ensemble de quatre chambres individuelles avec une salle de bain commune, puis plusieurs dortoirs de six lits possédant chacun leur salle d’eau.

    Chaque dortoir propose aussi six casiers métalliques de rangement, équipés d’une prise électrique. « Nos clients peuvent ainsi recharger leur téléphone ou leur ordinateur portable, sans risque de vol », souligne fièrement Anthony Aarts, qui confie avoir lui-même découpé la paroi métallique au fond de chaque casier, pour ménager l’emplacement de 90 prises électriques au total.

Sur le toit de l’édifice principal, un bar vitré sur deux côtés donne sur une grande terrasse extérieure qui offre une vue à couper le souffle sur le centre-ville de Toronto.

Les deux batteries de panneaux solaires thermiques sont alignées sur le toit du bar. La batterie de panneaux photovoltaïques surplombe une partie de la terrasse et du bar et apporte de l’ombrage en été.

Deux entrepreneurs torontois


Les deux cofondateurs du Planet Traveler, Anthony Aarts et Tom Rand, se sont rencontrés à l’université de Waterloo, en Ontario pendant leurs études de premier cycle.

    En 2006, lorsque Anthony Aarts décide de racheter un édifice pour le transformer en auberge de jeunesse, Tom Rand embarque dans le projet à une seule condition : il n’investira que dans des technologies dites « vertes » ou « propres ».

    Cinq ans plus tard et près de 2,2 millions $ de rénovations, l’établissement qui se veut « l’auberge de jeunesse la plus verte au monde » ouvre ses portes le 4 janvier 2011.

    Avant Planet Traveler, Anthony Aarts gère plusieurs biens immobiliers dans ce quartier du marché Kensington.

    Après une formation univer-sitaire en économie, Anthony Aarts va beaucoup voyager. Il séjournera dans de nombreuses auberges de jeunesse. Il y prendra goût à l’atmosphère cosmopolite teintée de camaraderie parmi les voyageurs à sacs à dos. Il travaillera même dans l’un de ces établissements en Espagne.

    À son retour au Canada, il finit par se spécialiser dans la restauration de murs en briques et investit progressivement dans différentes maisons dans le quartier Kensington, qu’il loue à des voyageurs de passage.

    Il a entamé une maîtrise en administration des affaires (MBA) lorsque l’édifice du 357 rue Collège est mis en vente. Le MBA est mis entre parenthèses lorsque l’aventure du Planet Traveler démarre.

    Tom Rand pour sa part est investisseur en capital-risque dans le secteur des technologies propres. Il est également conseiller en technologies propres au centre MaRS de Toronto, une pépinière pour de nouvelles entreprises innovatrices.

    Tom Rand est aussi l’auteur du livre « Kick the Fossil Fuel Habit » (Pour décrocher de la dépendance aux hydrocarbures).

    Il a démarré dans les affaires en 1991 dans le secteur de l’informatique, en créant l’entreprise Voice Courier Inc. (logiciels de réponse vocale interactifs, 100 employés dans trois pays, CA de 20 millions $ US), qu’il vendra en 2005.

    Il lance alors un fonds d’investissement de capital à risque, VCi Green Fund, pour de jeunes entreprises ciblant la réduction des gaz à effets de serre (comprenant le Planet Traveler et Morgan Solar.)

Tom Rand est ingénieur de formation (génie électrique). Il décroche ensuite une maîtrise en philosophie des sciences (Université de Londres / London School of Economics), puis une maîtrise et un doctorat en philosophie (Université de Toronto).


  1. Kick It (Vidéo, 5’30; en anglais)

  2. Tom Rand: Clean Technologies and How to Kick the Fossil Fuel Habit (Vidéo, 6’43; en anglais)

technologies mises en évidence


Toutes les technologies « vertes » employées dans le Planet Traveler sont restées intentionnellement visibles dans l’aménagement de l’établissement,  à titre éducatif, y compris les serpentins échangeurs de chaleur (ci-contre) ou une porte vitrée permettant de voir l’intérieur de la pièce qui abrite la pompe à chaleur et les réservoirs des chauffe-eau solaires.

Récupérateur de chaleur (eaux usées)


Des serpentins de cuivre enroulés autour des canalisations des eaux usées permettent de récupérer de la chaleur de l’eau  des douches, des lavabos ou de l’évier de la cuisine collective. Ces eaux usées sont encore tièdes. Leur énergie thermique est alors transmise au contenu des serpentins. La chaleur ainsi captée est utilisée pour préchauffer l’eau, en complément de l’énergie solaire. L’entreprise canadienne RenewABILITY Energy Inc. Produit ces récupérateurs de chaleur (650 $).

Éclairage basse consommation (DEL)


Anthony Aarts, l’un des deux co-fondateurs du Planet Traveler et le directeur de l’établissement, souligne que l’éclairage de toute l’auberge correspond à la consommation d’un sèche-cheveux (1 700 watts). Ces économies d’énergie compensent amplement le coût élevé des DEL, dont la facture totale (ampoules et appliques sur mesure) s’élève à 30 000 $.


La longue durée de vie des DEL permet aussi d’économiser de la main d’œuvre pour remplacer les ampoules, souligne Anthony Aarts, responsable de la gestion de l’établissement au quotidien et soucieux d’utiliser au mieux le temps des employés de l’auberge.

Énergie solaire


Les panneaux solaires sont installés sous forme de trois batteries sur le toit, orientées vers le Sud, l’une derrière l’autre. Deux batteries abritent chacune six panneaux solaires thermiques (douze en tout) qui chauffent l’eau (Enerworks). La troisième comporte 27 panneaux photovoltaïques d’une capacité totale de 4,75 kilowatts. Ces panneaux produisent l’équivalent de 15 % de la consommation électrique totale de l’auberge Planet Traveler.

Financièrement parlant, en un an, depuis leur mise en service le 19 juillet 2010, l’électricité produite, revendue à l’entreprise publique locale dans le cadre du contrat provincial (Ontario) de rachat, a rapporté 4 400 $, soit un rendement de 11 %, précise Tom Rand.

Photo : Charles-Antoine Rouyer

Photo : Planet Traveler

Photo : Planet Traveler

Photo : Planet Traveler

Photo : TomRand.net

Géothermie (Pompe à chaleur)

Des canalisations enterrées dans le sol et permettent d’exploiter le différentiel de température entre l'air et le sous-sol. En été, la terre est plus fraîche que l'air (penser aux caves souterraines toujours au frais), ce qui permet de climatiser l’édifice. En hiver, c'est le contraire : la terre en profondeur est plus chaude que l’air à l’extérieur et chauffe en partie l’édifice.

Géothermie (Pompe à chaleur)

Un mélange d’eau et de glycol (25 %) dans les tuyaux assure les échanges thermiques sans que le liquide ne gèle.

Les canalisations ont été enfouies sous une ruelle qui longe l’édifice, soit sous la voie publique, soit une première à Toronto, ce qui facilitera la mise en place d’autres projets de ce type.

Tom Rand, cofondateur de Planet Traveler et investisseur en capital-risque.

Anthony Aarts, cofondateur et directeur de Planet Traveler.

Géothermie (Pompe à chaleur)

Près de deux kilomètres de canalisations (1,6 km, soit 1 mile) ont ainsi été enfouies jusqu’à 240 mètres de profondeur (800 pieds), au moyen de huit trous différents.L’entreprise canadienne Clean Energy Developments a installé le système de géothermie.