Mont-Tremblant, QC — Le prêt-à-camper continue de se développer dans les parcs provinciaux du Québec, pour attirer une clientèle moins habituée à la nature et répondre aux désirs de plus de confort chez les jeunes adultes et les baby-boomers vieillissants.


Parallèlement, la Société des établissements de plein air du Québec (SÉPAQ) qui englobe Parcs Québec offre cet été un programme pilote d’initiation au camping (« Découverte Camping ») au parc national d’Oka. Le tout pour attirer de nouvelles clientèles qui ne fréquentent pas ces parcs et contribuer à combler le déficit de nature chez certains citadins.


« Nous n’avons pas l’intention de ‘cabanniser’ les parcs nationaux », rassure Martin Soucy, le vice-président exploitation de la SÉPAQ qui a piloté le projet des EXP. Cet ancien directeur du parc du Mont-Tremblant pendant dix ans rappelle dans la foulée que les parcs de la SÉPAQ proposent 6000 emplacements de camping traditionnels (un nombre incluant 301 tentes Huttopias et 28 yourtes.)


Martin Soucy positionne plutôt ces nouveaux hébergements comme un « produit d’introduction », soit une manière d’attirer une nouvelle clientèle à venir goûter à une expérience dans la nature et qui sait, par la suite, y prendre goût et se mettre au camping plus traditionnel.


DÉCOMPRESSER DANS LA NATURE

« À l’essentiel, la découverte d’un parc national se fait en pouvant y résider, et séjourner dans un parc pendant une nuit [permet de] sentir cette nature-là pendant deux jours en fait quand on réside et d’avoir un petit camp de base confortable, la communion avec la nature et décrocher du quotidien, de tout ce qui peut être électronique, de la vie qui nous sollicite et prendre un temps d’arrêt dans un parc national », résume Martin Soucy.


Ainsi, depuis le 19 juillet, cinq nouveaux hébergements EXP (pour Expérience, prononcé E.X.P.) sont offerts dans le parc national du Mont-Tremblant (secteur de La Diable) dans les Laurentides, portant à dix le nombre total d’EXP à ce jour, après les cinq premiers proposés dans le parc de la Jacques Cartier près de Québec depuis le 21 juin dernier.


Entièrement conçus à l’interne par la SÉPAQ et fabriqués au Québec, ces hébergements EXP arrivent dans le sillage de 23 nouveaux chalets nature lancés cet hiver dans le réseau des parcs québécois, en plus des tentes équipées sur plateforme (Huttopia) depuis 2008.


UN NOUVEAU CHALET DE POCHE AUX LIGNES CONTEMPORAINES

Les EXP sont une microhabitation rectangulaire tout en bois pour deux personnes . Imaginez un conteneur d’expédition (mais plus large et plus haut (6,5 m x 4 m hors terrasse et 3 m de plafond) construit tout en bois sur pilotis, mais entièrement ouvert vers l’extérieur grâce une grande baie vitrée sur deux côtés et à l’une des extrémités, une terrasse extérieure avec moustiquaire et un hamac où dormir la nuit.


À l’intérieur, l’espace ouvert style loft est très bien conçu. Compact, fonctionnel, sobre et élégant, tout en bois clair, il comprend un coin cuisine tout équipée, vaisselle incluse, une table où manger (le mobilier a également été dessiné par la Sépaq), deux lits simples (qui peuvent être réunis pour un couple) séparés de l’espace à vivre par une demi-paroi de lattes de bois ajourées, un poêle à bois pour l’hiver et une douche et toilettes accessibles par une porte coulissante dont l’encombrement minime rappelle presque le design de l’habitacle dans la coque d’un bateau.


Les structures, préfabriquées par une entreprise québécoise, sont revenues au coût total de 600 000 $ pour les cinq EXP, incluant les infrastructures (eau, fosse septique, électricité).


Les cinq EXP du parc Mont-Tremblant sont installés sur une presqu’île en bordure du grand lac Monroe, à proximité d’une petite plage tranquille. Les habitations sont relativement espacées les unes des autres offrant de l'intimité au milieu des arbres et à l’écart du camping de La Grenouille. (En revanche, les chalets nature sont un peu rapprochés les uns des autres).


DIVERSIFIER L'OFFRE D'HÉBERGEMENTS

Ce nouvel hébergement s’inscrit dans les efforts de la SÉPAQ pour attirer une clientèle qui ne fréquente pas ses parcs (des citadins qui n’auraient pas connu les séjours en plein air pendant leur enfance avec leurs parents) et les amener à venir dans un parc sans se laisser décourager par leur manque d’équipement et de connaissances en camping.


La Sépaq, explique Martin Soucy, cible notamment les 28 à 35 ans, couples sans enfant et célibataires qui voyagent entre amis (d’où les deux lits à une place qui peuvent être réunis.)


Les Baby-Boomers (47-67 ans) sont aussi visés, reconnait Martin Soucy, soulignant que cette clientèle-ci utilise davantage les parcs en dehors de la haute saison touristique. Donc les tentes même équipées se prêtent moins aux séjours au printemps ou à l’automne lorsque les nuits sont plus fraîches. D’où les chalets nature et les EXP en dur.


Au total, les parcs nationaux québécois proposent à ce jour 179 unités de villégiature en dur, dont 50 refuges et 69 chalets traditionnels souvent déjà en place lors de la création des parcs, et les 10 EXP et 23 chalets nature.


À terme, M. Soucy envisage l’implantation d’une centaine d’EXP, dont trois en décembre 2013 au parc des Monts-Valin et à l’été 2014, cinq unités dans chacun des parcs des Grands-Jardins, du Mont-Mégantic et du Mont-Tremblant (secteur de la Pimbina).


Martin Soucy concède toutefois que seulement 150 Huttopias avaient été prévues à l’origine, mais que le double a été implanté à la suite du succès de ces tentes sur plateforme et toutes équipées avec petit réfrigérateur.


Les EXP du parc du Mont-Tremblant semblent d’ores et déjà remporter un grand succès avant même leur lancement. Les cinq hébergements affichaient un taux d’occupation de plus de 90 % d’ici à la fête du Travail avant même leur entrée en service le 19 juillet 2013. À terme, Martin annonce « deux autres nouveaux modèles d'hébergement d'expérience que nous développerons d'ici 2017. »


COMBLER LE DÉFICIT DE NATURE...

En filigrane, Martin Soucy confie espérer aussi contribuer à lutter contre le déficit de nature (un thème développé par un journaliste américain, Richard Louv, en 2005 - voir encadré.)


Car la population québécoise et canadienne devient de plus en plus urbaine et les jeunes adultes seraient ainsi moins habitués aux séjours dans la nature. Parallèlement, les nouveaux arrivants dans nos sociétés multiculturelles n’ont sans doute pas connu avec leurs parents cette tradition du camping (même si un grand nombre d’entre eux vont régulièrement pique-niquer.)


Alors, pour inciter ces populations urbaines peut habituées à passer la nuit en plein air, la SÉPAQ va s’inspirer cet été de l’expérience de Parcs Ontario notamment depuis 2010. Parcs Québec a lancé un projet pilote d’initiation au camping à Oka, « Découverte Camping », et offrira le programme l’an prochain dans le parc des Iles de Boucherville, accessible depuis Montréal par navette fluviale, voire en transports en commun.


L’enjeu économique n’est pas non plus négligeable. Selon Martin Soucy, chaque dollar perçu dans un parc national québécois entraine des retombées de 15 $ de dépenses dans la région. Le projet des EXP n'est pas subventionné, mais les parcs québécois reçoivent 35 % de leur financement du gouvernement provincial.


... ET ÊTRE EN MEILLEURE SANTÉ

Sans parler évidemment d’autres gains pour la société, voir d’économies en soins de santé : baisse du stress et détente en nature, exercice sans même s’en rendre compte — randonnées, vélos, canot, pédalos —, voire renouer des liens familiaux, autour d’un feu de camp, loin des jeux vidéos et des téléphones cellulaires ou simplement respirer de l’air frais loin du bruit de la ville.


Et qui sait, prendre conscience de la pollution lumineuse urbaine en redécouvrant un ciel étoilé, et devant la voûte céleste, se souvenir que l’espèce humaine sur notre petite planète bleue n’est qu’une partie infime de l'univers et non le centre du monde.


À ce titre, les cinq EXP implantées dans le parc du Mont-Mégantic en 2014 auront un plafond en verre pour profiter des étoiles, car le parc est une réserve de ciel étoilé, précise Martin Soucy, soulignant que la conception des EXP sera adaptée pour répondre à la spécificité de chacun des parcs où les hébergements seront implantés.


Renseignements : www.sepaq.com/hebergement ou 1 800 665-6527. EXP : 126,00 à 149,00 $/nuit (2 pers.) ; Chalet nature : 151,00 à 178,00 $/nuit (4 pers.) ; Tente Huttopia 99.00 à 116.00 $/nuit (5 personnes).


Charles-Antoine Rouyer était l'invité de la SÉPAQ/Parc national du Mont-Tremblant. Ce reportage a également été rendu possible grâce à l'aide de Tourisme Québec.

 

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EXP ou le prêt-à-camper contre le déficit de nature

20 juillet 2013

Des chalets de poche aux lignes contemporaines entrent en service dans le parc du Mont-Tremblant.

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Les EXP sont une microhabitation rectangulaire tout en bois à l'aménagement intérieur ouvert style loft, pour deux personnes.

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Le « glamping » est en vogue


La tendance du « glamping » [une contraction de glamour et camping, soit le camping de luxe] se confirme, a conclu une étude de la chaire en Tourisme de l’Universtié du Québec à Montréal (UQAM) publiée en février 2013 et menée auprès de 1020 répondants en 2012.


« Un nombre grandissant de voyageurs recherchent un compromis entre le camping, qui permet un contact privilégié avec la nature, et l’hôtellerie classique, qui assure le confort, le tout dans le respect de l’environnement », explique Claude Péloquin,

directeur des études de la Chaire de Tourisme à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM.


Le camping demande un certain investissement en équipement, rappelle M. Péloquin « D’où l’intérêt… du prêt-à-camper pour une clientèle comme les nouveaux arrivants, la population urbaine et les touristes de l’extérieur du Québec disposant de moins d’expérience et souvent sans équipements. Elle séduit évidemment aussi les baby-boomers qui ont tendance à choisir des expériences de plein air sans trop vouloir faire de compromis sur le confort. »


Selon l’étude « La pratique du camping au Québec en 2012 » de l’UQAM, « près d’un campeur sur cinq [19 %] a pratiqué le prêt-à-camper en 2012. La plupart [91 %] répèteraient l’expérience, notamment pour la simplicité de la formule [soit ne pas avoir à préparer, transporter, ni installer son matériel de camping], pour le confort et parce qu’ils ont apprécié leur séjour. Parmi ceux qui n’ont jamais fait de prêt-à-camper, 41 % sont assez ou très intéressés à l’essayer ».


Du côté de l’offre, chez les responsables de terrains de camping au Québec sondés « la moitié constatent une hausse de la demande en prêt-à-camper. »


La tente demeure en tête de l’équipement préféré des campeurs québécois en 2012 (39 %), suivi de la caravane (22 %) dont 37 % des retraités et un tiers des campeurs âgés de 55 ans et plus (34 %) ; de la tente-caravane (12 %) et de la caravane à sellette (8 %), particulièrement appréciées par les gens de 45 ans ; le prêt-à-camper arrive au 5e rang (4 %). « 17 % des campeurs en prêt-à-camper s’y sont adonnés en mai et 20 % en septembre », précise l’étude réalisée en 2012.


Cette étude définit le prêt-à-camper comme un « emplacement de camping prééquipé d'une tente, d'une cabine, d'une yourte, d'une caravane, ou de tout autre équipement, ainsi que du matériel nécessaire pour le séjour, comme des matelas, des couvertures, de la vaisselle, un poêle, etc. »


En 2012, 25 % de la population adulte québécoise, soit 1,6 million de personnes, ont fait du camping au moins une fois. Les dépenses de séjour se sont élevées à près de 531 millions de dollars. Celles en matériel de camping et autres frais liés au VR sont quant à elles estimées à près de 530 millions de dollars. Enfin, à ces dépenses s’ajoute la valeur des VR vendus au Québec en 2012, environ 312 millions de dollars, soit un total de près de 1,4 milliard $ par année.

Photo : Charles-Antoine Rouyer

Le trouble du manque de nature


Le manque de contact avec la nature pourrait avoir des répercussions négatives sur la santé et le comportement des enfants, selon l’auteur américain Richard Louv.

    Son ouvrage publié en 2005 intitulé « Last Child in the Woods » identifie cette carence et ses conséquences sous le terme de « trouble du manque de nature » (Nature Deficit Disorder).

    L’absence de contact avec la nature pourrait ainsi contribuer à l’obésité en raison notamment du manque d’exercice.

   À l’inverse, la nature pourrait contribuer à combattre des troubles d’ordre psychologiques, tels que l’anxiété, voire la dépression ou encore le trouble déficitaire de l’attention.


  1. Site de Richard Louv

  2. Children and nature network aux Etats-Unis

  3. Les enfants en déficit d'espaces naturels (chronique radio)

Photos : Charles-Antoine Rouyer

English translation (Google)

Disclaimer: 100 % accuracy not garanteed. Always refer to original French version

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